Selon un
nouveau rapport du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) de l’OCDE,
les violences en Afrique du Nord et de l’Ouest ciblent de plus en plus les
populations civiles et les régions frontalières dans un contexte qui se
complexifie impliquant des acteurs non étatiques aux objectifs divergents.
Le rapport s’appuie sur des données
granulaires pour évaluer l’intensité et la distribution spatiale des violences
perpétrées dans la région depuis 1997. Il établit que les cinq dernières années
ont été les plus violentes en Afrique du Nord et de l’Ouest, avec plus de 60 000
personnes tuées entre janvier 2015 et la fin de l’année 2019. Plus de 40 %
des actes de violence et des décès se produisent dans un rayon de
100 kilomètres d’une frontière terrestre et 10 % des personnes tuées
le sont à moins de 10 kilomètres d’une frontière. Les populations civiles
sont de plus en plus des cibles directes de la violence et de moins en moins
des victimes collatérales.
Sur la base
d’un indicateur mesurant la dynamique spatiale des conflits (Spatial
Conflict Dynamics Indicator, SCDi), le rapport montre les régions de
l’Afrique du Nord et de l’Ouest les plus conflictuelles, l’évolution
géographique et temporelle des conflits et les effets des interventions
militaires sur la densité spatiale et la propagation de la violence. Les
auteurs observent que les tentatives visant à stabiliser la région sont rendues
plus difficiles par le nombre d’acteurs en présence et par leurs alliances
fluctuantes.
« La prise
en compte de la dimension géographique et de la dynamique de ces conflits
meurtriers, et des interactions complexes entre les protagonistes, peut nous
aider à trouver des moyens de répondre à l’insécurité grandissante »,
a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE Angel Gurría lors de la présentation
du rapport à la Conférence sur la sécurité de Munich.
La région du
Sahara-Sahel connaît une instabilité politique sans précédent sous l’effet
combiné de rébellions, insurrections djihadistes, coups d’état, trafics de
drogue, d’armes et de migrants. Les conflits ont tendance à se régionaliser,
transcendant les frontières lorsque les groupes armés, défaits par des forces
anti-insurrectionnelles, se déplacent dans d’autres pays. L’expansion géographique
et la relocalisation opportuniste des conflits sont amplifiées par la
difficulté des contrôles aux frontières qui facilite la circulation des
combattants, des otages et des armes.
Le rapport
appelle les États de la région ainsi que la communauté internationale à
promouvoir des initiatives régionales visant à restaurer la légitimité de
l’État, à investir davantage dans les régions frontalières et à accroître la
protection des civils, afin de créer des régions plus sûres où des formes
inclusives d’action publique sont mises en place et un dialogue étroit entre
les États, les acteurs locaux et les populations est renforcé.
Les violences en Afrique du Nord et de l’Ouest ciblent de plus en plus les populations civiles et les régions frontalières
